samedi 17 avril 2010

que la peinture soit chair


Lucian Freud, aujourd'hui âgé de 88 ans, petit-fils du fondateur de la psychanalyse, est une figure de la peinture contemporaine. Cet artiste, parmi les peintres vivants les plus importants au monde, n'avait pas été exposé en France depuis la première rétrospective que lui avait consacrée le Centre Pompidou en 1987. Hommage inédit, l'exposition présente un ensemble exceptionnel de tableaux retraçant son œuvre : une cinquantaine de peintures de grand format, complétées par une sélection d'œuvres graphiques en provenance, pour la plupart, de collections particulières, ainsi que des photographies de l'atelier londonien de l'artiste.

L'exposition s'organise autour du thème de l'atelier, ce huis-clos qui fonde la peinture et la pratique de Lucian Freud. Elle réunit, dans un espace de plus de 900 m2, les principales grandes compositions du peintre dites Large Interiors, les variations autour des maîtres anciens, la série des autoportraits et les récents et imposants portraits de Leigh Bowery ou de Big Sue, chefs-d'œuvre du peintre. Big Sue ici présenté, est un nu représentant Sue Tilley, peint en 1995 ce tableau a été adjugé à Roman Abramovich en 2008 près de 34 millions de dollars chez Christie's, battant le record des ventes pour un artiste vivant. Le modèle avait été payé 40 dollars pour la séance de pose.

La singularité du travail de Lucian Freud tient en grande part au traitement minutieux et quasi obsessionnel du portrait et du nu fondé sur une approche absolue du métier de la peinture. "Je veux que la peinture soit chair (…)" ou encore "Pour moi le tableau est la personne" dit-il... Le modèle est observé dans le monde clos de l'atelier, laboratoire du peintre.

Lucian Freud ne peint que ce qu'il place au sein de cet espace; il y installe ses modèles selon des mises en scène précises, mettant en jeu le mobilier et les objets raréfiés de l'atelier, accessoires récurrents et reconnaissables des compositions : plante verte, canapé crevé, fauteuil usé, lit en fer, lavabo, murs maculés de peinture. Les quelques paysages construits selon des angles de vue en plongée, serrés, sont peints en général depuis ses fenêtres ou son seuil. Ainsi, les adresses successives de ses ateliers constituent des éléments de titre ou de datation (w11, w9…), depuis celui de Paddington où il s'installe en 1943 pour trente ans, jusqu'à la maison de Notting Hill en passant par le loft de Holland Park.

Le thème de l'atelier porte en lui la métaphore de la peinture : le huis-clos entre le peintre et son modèle (depuis Rembrandt en passant par Courbet et Picasso), l'espace de la peinture, représentation du réel, processus de création, la figure de l'artiste, autoportraits et relecture des maîtres.

lucian freud, l'atelier / centre pompidou-paris / jusqu'au 19 juillet 2010

source centrepompidou.fr
benefits supervisor sleeping "big sue", 1995.

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